Après la mise en service en 2020 d'une première usine de biométhanisation dans une exploitation de Saint-Sulpice-des-Landes, deux autres projets sont en train de voir le jour à Pouillé-les-Côteaux et Trans-sur-Erdre. Une filière en plein essor, selon GRDF, qui assure le raccordement des sites au réseau gazier.
Les bâtiments prennent forme à la Culière, le village de Trans-sur-Erdre où est installée depuis trois générations l'exploitation agricole des Juvin. Au cœur même de la ferme, gérée aujourd'hui par les deux frères Jonathan, 36 ans, et Louis, 29 ans, trône une cuve, dont le dôme n'est pas encore déployé, destinée à recevoir d'ici quelques mois fumier et lisier, produit par les 120 vaches laitières et la cinquantaine de vaches allaitantes, et des végétaux. C'est le principe de la méthanisation : transformer des effluents d'élevage et des résidus de cultures en biogaz, qui deviennent du biométhane après épuration, et en digestat pour fertiliser les cultures.
Jusqu'à présent, un seul site de production de biométhane injecté dans le réseau de gaz fonctionne dans le pays d'Ancenis, dans l'exploitation de Brigitte et Thierry Boussin, à Saint-Sulpice-des-Landes (Vallons-de-l'Erdre). Un deuxième est en construction depuis août 2020, à Pouillé-les-Côteaux, porté par neuf habitants de cette commune et de Mésanger. Le chantier a pris du retard mais devrait être finalisé " début 2022 ", selon Anthony Lambert, l'un des agriculteurs impliqués dans le projet. Probablement dans les mêmes temps que celui de Trans-sur-Erdre, démarré en janvier.
" On sait exactement pourquoi on investit "
" L'idée était de pouvoir diversifier nos productions et nous apporter de la visibilité financière " exposent les frères Juvin, à la tête de cette exploitation de 330 hectares qui emploie deux salariés et un apprenti. "Quand on signe un contrat de production de biogaz sur quinze ans, on sait exactement pourquoi on investit. Ce qui n'est pas le cas avec le lait. Combien se vendra la tonne de lait dans deux ans ? On n'en a aucune idée ". Pour boucler le budget, ils ont été aidés " par quatre partenaires privés ". Trois cultivateurs du voisinage compléteront l'apport de végétaux.
" On part sur une transformation de 29 tonnes de matières par jour, quantité qui demande une simple déclaration et ne nécessite pas d'enquête publique " explique Jonathan Juvin, qui se veut rassurant sur l'impact du projet sur l'environnement. " Les effluents sont produits et transformés sur place, ce qui limite les nuisances potentielles liées au transport et aux odeurs ". Des arguments présentés lors d'une réunion, en juin, aux élus de la commune voisine de Mouzeil, initialement opposée aux travaux de raccordement sur son territoire. Sur le modèle économique, l'agriculteur insiste : " L'idée n'est pas d'arrêter l'élevage demain : la méthanisation est intégrée dans l'exploitation et ne déséquilibre rien ".
Objectif de 10 % de gaz vert en 2030
Dans le pays d'Ancenis, un autre projet est à l'étude, à Varades (Loireauxence), où quatre exploitants espèrent déposer prochainement le permis de construire. " C'est une filière en plein développement ", confirme Gilles Simoncini, directeur régional de GRDF, gestionnaire du réseau de distribution, en charge du raccordement des sites de méthanisation. Outre Saint-Sulpice-des-Landes, la Loire-Atlantique compte aujourd'hui trois sites d'injection de gaz vert, à Machecoul, Soudan et la station d'épuration de Rezé, " soit la consommation annuelle de 7 500 logements neufs chauffés au gaz ". Au niveau national, la loi de transition énergétique a fixé un objectif de 10 % de gaz renouvelable dans les réseaux d'ici 2030.
Source : Ouest France (publié le 14/09/21)
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2 février 2023
